L’incapacité de voir clairement l’événement

L’homme de l’involution a appris à regarder les événements qu’il traversait de manière subjective, c’est-à-dire à travers son émotion, ses mémoires, ses souvenirs, ses expériences, ses traumatismes. Et souvent, à travers la subjectivité d’autrui : son voisin, son ami, son confident… L’humain n’a pas appris à voir sa vie de ses propres yeux dépouillés de coloration, car ses yeux ont été teintés dès sa naissance de par son lien avec l’âme et le monde de la mort ; il n’a pas appris à voir réellement au-delà de l’apparence des formes. Les événements de la vie qui l’opposent subtilement ou de manière agressive allument chez lui l’étincelle émotive qui se mélange à son mental, d’où une impossibilité de voir réellement sa vie. Il y a toujours un coup de pinceau pour cacher le réel – la toile de fond – car l’humain ne porte pas d’intérêt à la toile de fond ; il y préfère sa coloration qui est bien plus stimulante, excitante, angoissante. Il se sent en vie dans la coloration émotive de sa vie, et l’objectivité que lui fournit la toile de fond demeure un mystère existentiel qu’il réfléchit ou transforme en philosophie, mais il reste toujours dans sa réflexion reliée aux mémoires de la race, aux mémoires sans dynamisme réel.

L’homme devra apprendre à voir avec des yeux nouveaux, c’est-à-dire avec des yeux sortis de la subjectivité ancestrale, des yeux capables de voir la trame de fond de la vie, des yeux capables de saisir l’encodage réel de la vie derrière son apparence mensongère. Sa clé sera la dissociation de son appartenance avec sa pensée réfléchie, c’est-à-dire sa capacité de ne plus accepter la première pensée qui arrive dans sa tête, ni la deuxième, ni la troisième… mais de reformuler sa vie lui-même à partir de son propre centre de gravité interne, de sa propre conscience. Une pensée qui l’inciterait à poser un geste non intelligent serait tout de suite identifiée comme un parasite, un coup de pinceau hypocrite sur la toile ; cette pensée sera revue et corrigée par l’homme intelligent et volontaire. Ce dernier sera capable d’identifier la source de ses pensées et pourra toujours les contester. Il saura que beaucoup d’êtres sur d’autres plans partagent sa conscience et c’est à lui seul de faire le ménage de sa conscience afin de ne plus être confiné à une vie où l’expérience planétaire est la seule issue. Il doit ouvrir la porte à sa vie réelle, à sa vision réelle et libre.

— Sandra Vimont, 2010