La fuite résulte de l’inertie créative

L’humain de l’involution n’a pas idée à quel point les décisions qu’il prend sont manipulées, c’est-à-dire qu’elles prennent naissance sur le lit de la peur, de la crainte, de l’insécurité et du doute, et il est ainsi amené à vivre toutes sortes de fuites ou de compensations qui l’empêchent de toucher au réel de lui-même. L’action intelligente est ainsi inhibée chez l’individu. La manipulation de sa pensée l’emprisonne dans des systèmes fonctionnant sans lumière réelle et dans lesquels il devient victime d’inertie créative, où il prend décisions basées sur l’oppression événementielle interprétée subjectivement plutôt que de prendre action par intelligence, c’est-à-dire de manière à libérer sa conscience des formes involutives et toucher à une expansion de lui-même.

Les compensations dans les mouvements de la vie de l’humain sont nombreuses car ce dernier n’a pas la volonté de faire un arrêt et d’observer sa vie intelligemment. Il se laisse guider par les courants de la vie qui le poussent dans une direction ou dans une autre et où la souffrance des formes est vécue psychologiquement – d’où un éventuel trop-plein qu’il éliminera en s’extériorisant dans le monde à travers une autre fuite de lui-même. Que ce soit à travers une activité artistique, sportive, ou à travers le travail, la fuite sert de plateforme qui l’empêche de toucher au réel de sa conscience ; il est ainsi amené à accumuler de l’expérience d’âme. La fuite dans l’action ou dans l’inaction, donc dans sa manifestation matérielle, est le prolongement de la fuite psychologique de l’individu dans laquelle sa conscience est cloisonnée ; l’être est manipulé par des forces dominatrices.

Derrière la fuite se cache toujours un certain niveau de souffrance, et l’être doit en prendre conscience et poser une action réellement créative s’il veut libérer sa conscience de la forme. La créativité réelle prend donc naissance ici et non dans une créativité illusoire ou talentueuse qui colore temporairement la manifestation de l’être.

— Sandra Vimont, 2010