L’intelligence dans l’autorité

Très tôt dans la vie, l’enfant développe des référents basés sur son lien avec ses parents, ou avec son autorité parentale. Ces référents prendront une forme particulière en fonction du type d’éducation qu’il recevra… et ces derniers sont à la base du développement de son intelligence – ou son manque d’intelligence – face à l’autorité.

Un enfant qui reçoit une éducation intelligencée en tirera un grand bénéfice, car il réussira à s’extérioriser dans le monde de manière intelligente et créative. Une éducation intelligencée prend racine dans la capacité des parents à ajuster la personnalité du jeune enfant, et ce, dès que les premières manifestations d’excès se font sentir. Exemples : un enfant trop dominant, un enfant menteur, etc. Les parents ajusteront ainsi le caractère de l’enfant dès le jeune âge afin que ce dernier ne renforcisse pas ses traits excessifs, ce qui le nuirait dans sa vie d’adulte. En second lieu, le parent doit être capable de faire voir à l’enfant l’intelligence à l’intérieur de ses décisions, consignes et actions. Exemple : je te demande de regarder des deux côtés avant de traverser la rue, car beaucoup d’autos circulent et il est important que tu choisisses le bon moment pour traverser. L’autorité est donc intelligente, dans le sens que l’enfant percevra cette dernière comme étant bonne pour lui, même si cette autorité ne fait pas toujours son affaire sur le moment. Ainsi, en grandissant, l’enfant sera capable de sentir l’amour réel de ses parents envers lui au travers une autorité intelligente. Il n’y verra pas d’oppression ou de domination, mais plutôt de l’intelligence parfaitement adaptée à son évolution. C’est ainsi qu’à l’adolescence, son caractère sera ajusté et son lien avec ses parents sera équilibré. Il ne se révoltera pas contre ses parents car il connaîtra et aura fait l’expérience de leur intelligence intrinsèque. Il saura reconnaître l’intelligence, ou le manque d’intelligence, derrière les différents systèmes d’autorité qu’il traversera au cours de sa vie.

Le second volet d’expérience réside dans une relation parent-enfant dans lequel l’adulte n’exerce pas une autorité intelligente, mais exerce plutôt une autorité déphasée dû à des mécanismes psychologiques internes. Ces mécanismes reposent souvent sur la peur, sur l’insécurité et sur un manque de conscience éveillée face au développement de l’enfant. Exemples : ne pas donner une consigne à l’enfant de peur que ce dernier l’aime moins ; ne pas faire de discipline et donner un excès de libertés à l’enfant (par manque de vision à long terme) ; exercer une autorité basée sur la domination, etc. Ces mécanismes résidant dans les parents auront une conséquence importante au niveau du lien que l’enfant aura face à l’autorité lorsqu’il grandira. L’enfant ne sentira pas l’intelligence de l’autorité chez ses parents, et il interprétera éventuellement leur autorité comme une oppression à sa liberté – plutôt que quelque chose qui est pour son bien. Un individu qui a grandi sans apprendre à vibrer à une intelligence parentale vivra un soulèvement de son caractère non ajusté devant tout ce qui s’opposera à ses désirs égoïques ; l’adolescent se révoltera ainsi contre ses parents. L’être mal encadré pourrait développer l’impression que tout lui est dû, et que la vie doit subvenir à ses besoins… et sinon, il vivra un éclatement émotif. Ce phénomène est aussi présent au niveau de la famille qu’au niveau de la société.

Si on regarde maintenant la situation au niveau de la société, il n’est pas surprenant qu’un nombre grandissant de jeunes se révoltent. Leur caractère n’a pas été ajusté par leurs parents, et prend donc de l’expansion et se densifie dans la forme. De plus, ces jeunes – en plus de ne pas avoir appris à sentir l’intelligence dans l’autorité – font face à des systèmes remplis d’injustices et qui donnent le pouvoir aux plus forts, aux plus hypocrites, aux gens qui ont appris à tirer profit du système au profit des autres citoyens. Il n’est pas surprenant, dans ce contexte, de constater l’ampleur du phénomène. La société se transformera graduellement au travers la tension que ces jeunes exerceront sur elle ; et cette transformation sera le reflet des expériences karmiques nécessaires afin de créer une élévation de la conscience chez les individus concernés.

L’individu intelligencé dans tous ses principes humains n’aura plus besoin de se révolter contre l’autorité hiérarchique et sociétale. Si cette autorité est intelligente, il la reconnaîtra. Si elle ne l’est pas, il saura qu’elle est la résultante du manque de conscience de la société qui l’a créée. Par sa vision claire, il créera de nouvelles structures sur lesquelles pourront un jour s’asseoir la nouvelle société, libre de ses composantes involutives et expérimentales. Cette nouvelle société résultera donc la manifestation de la vibration de sa conscience lucide vers la densité de la forme.

— Sandra Vimont, 2011