L’illusion dans l’intelligence

Un individu qui a accumulé beaucoup de connaissances, soit par des moyens rationnels et logiques – comme la science moderne – ou par des moyens plus intuitifs – comme la médiumnité – ressentira que ses connaissances font de lui un être intelligent. Ceci est normal, puisque le système de vie actuel nourrit cet état d’être, et l’individu s’associe psychologiquement à ce qu’il sait. Autrement dit, l’humain se donne une valeur en fonction des connaissances qu’il a acquises, ainsi que par rapport à sa façon d’utiliser ses connaissances pour se projeter dans le monde.

Un être ayant beaucoup de connaissances vivra souvent un certain orgueil, une certaine vanité plus ou moins subtile, puisqu’il sentira qu’il a un mental capable de prendre le dessus des choses, des situations, des gens. Il se sert de ses connaissances comme appui à sa confiance en lui-même. Et lorsque l’être tente de convaincre autrui de son point de vue, de ses vérités, c’est – subtilement – afin de se sécuriser au travers un système psychique dans lequel il n’a aucune assise réelle. Ses connaissances deviennent l’appui de sa personnalité, et ceci lui donnera l’impression qu’il est « quelqu’un ». Cet être est donc facilement ébranlable, malgré une apparente solidité, puisqu’il n’a pas de fondation réelle, mais seulement une montagne de connaissances. Enlève-lui ses connaissances, et il ne lui reste que de l’insécurité et de la souffrance. Sa vie est fondée sur du sable mouvant, sur une intelligence involutive, car elle prend appui sur des connaissances accumulatives intrinsèquement liées au monde de l’âme, liées au plan des mémoires, liées au monde de la mort.

Un être ayant peu de connaissances ou de capacités intellectuelles pourra, si l’événementiel le met en initiation, se sentir diminué, amoindri, ou même abattu par un adversaire très connaissant. Mais il découvrira un jour qu’il nourrit sa propre illusion en absorbant personnellement et inconditionnellement ces états psychologiques. Il ne comprend pas les mécanismes de ces états, de ces programmations animiques imprimées sur son mental, ce qui déclenche de l’insécurité dans sa personnalité… Cet individu réalisera un jour que l’être qui a beaucoup de connaissances et qui s’en complaît s’assoit, de son côté, sur une fausse sécurité, donc sur une insécurité latente qui repose, encore une fois, dans les mains de l’événementiel. Ces deux êtres sont donc ébranlables, n’ont pas de direction de vie réelle, car leur vie se joue dans une sphère emmurée de mémoires et de réflexion primaire face à la forme. Ces deux êtres sont prisonniers de leur système de vie dirigé par la valeur qu’ils accolent aux formes réflexives dans leur mental.

Les connaissances, données mémorielles et animiques, sont liées au monde de l’âme en évolution dans la densité terrestre. Celles-ci découlent de la densification des principes humains dans la matière, mais aussi du besoin d’évolution de ces principes. Les connaissances accumulatives sont ainsi le support à une étape d’évolution involutive – d’où le développement de l’intellect humain, du principe mental de l’homme. Par contre, il est illusoire de croire que cet intellect involutif servira l’homme dans son évolution future sans subir une quelconque transformation ! L’homme devra un jour se bâtir une plateforme mentale dépassant le monde des connaissances accumulatives, du monde de la pensée réfléchie, du monde astral de la mort. Cette nouvelle plateforme résonnera avec l’énergie derrière la création des connaissances, donc avec l’énergie du réel derrière les systèmes de connaissances. Mais tant et aussi longtemps que l’individu jonglera subjectivement avec les formes que prennent les connaissances, il tournera en rond dans l’illusion de l’intelligence, c’est-à-dire qu’il vibrera à une intelligence subjective liée à la valeur des formes… et ceci n’est qu’une étape à l’intérieur de l’évolution de l’intelligence humaine ; ce n’est pas une finalité, ni un aboutissement, mais une étape !

Un individu peut être très intelligent au niveau des connaissances accumulatives, et cela peut bien lui servir dans sa vie de tous les jours, d’accord. Mais cette intelligence devra un jour être dépassée, transmutée, c’est-à-dire qu’elle devra un jour devenir réellement intelligente ! Ceci veut dire qu’elle devra dépasser le stade de l’intelligence accumulative pour passer au stade d’une intelligence auto-générative. Elle sera ainsi basée sur la capacité instantanée de l’homme de se créer une architecture mentale libre du connu, libre du mémoriel, plutôt que de se référer aux données animiques archivées dans sa conscience prisonnière de la forme.

Ainsi, ce n’est pas par l’acquisition de connaissances à l’extérieur de lui-même que l’individu deviendra intrinsèquement intelligent – c’est plutôt en développant un nouvel appui éthérique, que l’on peut aussi appeler cerveau éthérique, ou mental supérieur. Sa capacité d’utiliser ces nouveaux circuits dépendra de sa capacité à observer sa vie de manière à ne plus subir de réverbération subjective dans ses centres. La réflexion ne fera plus partie de son processus mental car l’être ne jonglera plus égoïquement avec les formes subjectives, mais il en étudiera plutôt les rouages qu’il manifestera par sa parole créative – ce qui neutralisera instantanément l’effet subjectif des formes sur sa conscience.

— Sandra Vimont, 2011