L’effort psychologique

L’Homme n’a pas à faire d’effort psychologique afin de devenir intégral dans sa conscience. Ceci veut dire que tout désir de l’ego d’avancer plus vite que le temps de l’esprit – c’est-à-dire de la capacité de la lumière de le pénétrer – est une manifestation de l’impatience de cet ego, donc de son incapacité à contenir le réel en lui. Contenir le réel est la capacité de l’Homme de savoir que chaque chose arrive dans son temps, selon la capacité de ses corps à absorber la lumière. Ainsi, aucun mouvement égoïque n’est effectué par l’Homme intégral car celui-ci sait qu’il est toujours dans son temps réel de manifestation, donc dans le temps de son esprit.

Toute forme d’effort psychologique lié à la conscientisation fait partie d’une grande illusion que l’Homme devra un jour fracasser, et ce, jusqu’à ses fondements les plus profonds. Ainsi, forcer l’éclosion d’une colère mentale pour « se conscientiser plus vite » est un mensonge fait contre soi, et résulte de l’ignorance de l’individu face aux lois cosmiques de la vie, d’où l’impression égoïque de pouvoir devancer les lois du temps.

L’illusion derrière le fait de vouloir forcer l’événementiel au travers l’effort psychologique est lié à l’incapacité de l’ego de faire face au réel de sa vie. Conséquemment, il demeure manipulable au travers l’imposition de plans imbriqués dans sa conscience. Ces plans l’assujettissent donc, par défaut, à vivre une vie sans savoir qui il est, donc ignorant de ses origines cosmiques de vie, d’où son incapacité à vivre dans le temps de son esprit. En bref, l’ego qui veut devancer les lois du temps se fait récupérer par des forces astrales du plan de la mort, car il est incapable de dévoiler le jeu exercé sur sa conscience. Ainsi, il demeure inapte à se libérer de la valeur de la forme du temps qui lui miroite incessamment une perception colorée de la réalité, le gardant ainsi dans l’ignorance du réel.

L’ego qui fait un effort psychologique est incapable de voir le réel au travers le processus d’expansion de conscience, car il en réfléchit la manifestation. Dès lors, il serait sujet à en vivre l’illusion – illusion prenant appui sur son corps émotif et sur son intellect réflexif. Ainsi, un individu trop pressé peut facilement se faire piéger dans l’illusion d’avancer, car il réfléchira la forme de l’expansion de la conscience et lui accolera une valeur, plutôt que de la transcender au travers la froideur de son esprit. C’est ici, dans l’ignorance du réel derrière la forme, que le supramental devient une philosophie ou un système spirituel, plutôt que de rendre l’Homme libre à l’intérieur de sa conscience.

L’Homme cessera de forcer subjectivement contre la vie quand il intégrera le fait que son illusion reliée à l’effort – donc de vouloir devancer le temps de son esprit – était le résultat d’un désir de son ego. L’ego devra apprendre à vivre à l’intérieur du temps de son esprit, c’est-à-dire selon son temps de contenance face à sa vie réelle, plutôt qu’en fonction de ses variantes animiques.

Ainsi, l’Homme développera, en son temps, la colère mentale nécessaire afin de briser l’illusion de pouvoir devancer son temps de conscientisation. À ce moment, l’Homme en éveil devant les lois cosmiques de la vie dénoncera froidement et objectivement cette illusion qui aurait pu, faute de cette colère, lui retenir son autorité de vie libre. En ce sens, l’Homme nouveau n’acceptera plus qu’on lui voile le réel de sa vie, ou qu’un plan domine sa conscience, et il sera toujours prêt à intervenir afin d’occuper la totalité de sa conscience.

— Sandra Vimont, 2012